En sciences de l'information et de la communication on parle de ponctuation pour marquer une pause, un temps, un silence. L'exemple le plus facile est celui du film qui pour qu'il soit compréhensible nécessite un arrêt sur chaque image pour que le défilement soit cohérent. La vérité se dévoile lentement, il faut donner la mesure nécessaire au temps psychologique bien décalé, souvent, du temps réel. Qu'il en soit ainsi. La carte n'est pas le territoire et notre unicité se noie dans une diversité malmenée par l'égalité des sexes, le fameux "genre", la conversion de l'humain au statut de client, au supporter idiot de foot. Il faut des masses de cons-sommateurs, les plus semblables possibles. Au moyen âge on construisait des cathédrales, au XXIème on bave devant le ballon dans des stades transformés en gigantesques parcs à majorité d'imbéciles alcoolisés. Horreur. Les jeux du cirque se poursuivent et la ponctuation pour arriver au stade de foot si elle a été longue est néanmoins une réussite colossale de la médiocrité. Les cathédrales sont toujours là, non encore transformées en musée d'art contemporain ou en mosquées dans un occident déchristianisé ayant lui-même coupé ses racines. Une autre ponctuation germe doucement, celle de la sobriété calme, de l'esprit de Taizé, du petit pauvre d'Assise, spiritualités de vie connectées au réel, un instant confondue dans le new-age commercial dont ne reste que les débordements hystériques et pervers d'Halloween. Entre les cathédrales et les stades un vide immense. Un gouffre. D'un côté l'élévation de la personne de l'autre l'abrutissement des masses. D'un côté le lien avec la personne du Christ humble et crucifié, de l'autre la gloire pitoyable du milliardaire décérébré ne sachant que cogner dans la baballe. Combien d'arcanes et de labyrinthes avec la boussole de la foi pour passer des jeux du cirque ou de ceux du football à l'homme des cathédrales. Combien de ponctuations? Combien de pèlerinages intérieurs? Guides comme John Henry Newman et Frère Roger, où êtes vous en ce XXIème siècle? Où êtes-vous? Au secours! Venez nous donner la main, nous sommes des pèlerins et des pénitents perdus. Nous n'avons pas besoin de consommation mais de communion. Passer du statut de consommateur à celui de communiant, voilà la seule communication, voilà le seul pèlerinage. Faisons une pause, un premier pas...Coupons la télé, la radio, la presse basique. Respirons, marchons, vivons ensemble! Supprimons la communication pour laisser place à la communion. Soyons des Frères soleil, lune, et les étoiles...Discernons.
Philippe Sanguinetti, Valbonne, 30 juin 2016
Docteur de Paris 1 je suis Chercheur-Associé au laboratoire du LAPCOS de l'Université de Nice Côte d'Azur. Sur ce blog décontracté vous trouverez mon plaisir à écrire sur différents thèmes anthropologiques. Bonne lecture!
jeudi 30 juin 2016
lundi 13 juin 2016
Catho de gauche? Catho de droite?
En France le catholicisme est victime de nombreuses attaques dans
l'ensemble des médias. Pourtant il tient. L'exemple le plus flagrant de
cette vie maintenue est sans doute la présence quotidienne de la Croix
dans tous les points presse du territoire. Cela atténue un peu dans le
contexte actuel le silence assourdissant sur les Chrétiens d'Orient
massacrés. Ils ne sont pas totalement oubliés. Le mariage gay comme le
nouveau regard gouvernemental sur les écoles hors contrats sont des
sources de vives tensions. Pour ce qui est du mariage gay seuls les
catholiques sont critiqués dans leur opposition alors que toutes les
religions ont été clairement contre, et avec de très nombreuses nuances
dans chacune. Mais il y a des réflex pavloviens et de faux clivages.
Alors, en pensant par exemple aux pères fondateurs de l'Europe mais plus
spécifiquement à notre petite France: catho de gauche ou catho de
droite? Saint François d'Assise serait-il de gauche? Saint Escriva de
Balaguer de droite? L'évangile à gauche? La Curie de droite? Le Pape
Benoît XVI de droite et le Pape François de gauche? La réponse est très
simple. Il y a des catholiques de gauche et de droite, au centre, à
l'extrême gauche et à l'extrême droite. Dans l'église chacun peut
trouver sa place car la diversité est immense. Il y a des cercles
concentriques de plus en plus large mais au centre, au milieu, garant
d'unité, l'attachement au Christ. Christ en Croix avec ses "branches"
hautement symboliques qui vont de bas en haut et de haut en bas, mais
surtout celles de gauche à droite ou de droite à gauche avec une grande
égalité. Une sorte de rappel permanent à l'unité, à l'essentiel, au
coeur. Le catholicisme ne peut se laisser enfermer dans aucun parti
politique mais y diffuser ses valeurs au coeur de tous. Il ne peut
jamais en être la propriété et réciproquement. Sur des points variés il
peut se trouver chez les militants et élus, dans les sensibilités de
libres soutiens. L'Abbé Pierre était-il de gauche ou de droite? Il avait
le souci des pauvres. L'église est contre le mariage gay, est-ce une
position de "gauche" ou de "droite"? N'y t-il pas des craintes
justifiées au-delà des aspects affectifs et sexuels? Cela par le risque
de dérive libérale dans un individualisme dangereux avec la GPA? Quelle
est l'institution qui a crée le mariage? L'église. Qui au moyen-âge a
permit une formidable libération des femmes, avec notamment l'amour
courtois? L'église. Quel est l'origine du principe de subsidiarité si
appliqué dans les instances européennes? L'église. Qui est en tête pour
l'accueil de tous les réfugiés? Le Pape...Catho de gauche? Catho de
droite? Cela ne veut rien dire. C'est un Président de droite qui s'est
fortement opposé à la reconnaissance des racines chrétiennes de
l'Europe. Tout est si complexe. L'important est que les valeurs
chrétiennes soient défendues partout dans le respect de la Tradition et
avec la liberté de conscience de chacun selon sa façon d'appréhender,
d'agir en faveur de tel ou tel vote, tendance, parti. Au clergé, aux
laïcs engagés (pléonasme) de travailler à l'unité dans la diversité de
la communauté catholique. Vaste tâche ou il est essentiel que la
personne pauvre soit au coeur des actions, libre et aidée, pouvant se
projeter, grandir et choisir elle aussi si pour garder la direction des
valeurs chrétiennes elle prendra un chemin de droite ou de gauche.
Laudato Si est sans doute, dans cette réflexion, un formidable manuel de
survie!
Philippe Sanguinetti, Valbonne, 13 juin 2016
Philippe Sanguinetti, Valbonne, 13 juin 2016
Le pèlerin, un migrant volontaire?
Le pèlerin se rend vers un site spirituel dans le cadre d'un
cheminement physique et intérieur spécifique, sur les "pas" d'un saint
ou d'une sainte, dans une intention particulière. Le migrant fuit sous
la contrainte. Le pèlerin éprouve le besoin d'une coupure féconde lui
permettant de trouver plus de paix en lui même. Il peut s'agir d'un
appel, d'un besoin mais nous sommes loin des dimensions contraignantes
du migrant. Surtout celles que nous découvrons dans les actualités,
catastrophiques. Le migrant s'inscrit peu dans une démarche spirituelle
même si les destinations sont souvent ciblées sur des territoires aux
communautarismes bien établis, spécialement musulmans. Les chrétiens
d'Orient, grands oubliés de l'Europe pourtant établie sur des racines
chrétiennes, et donc judéo-chrétiennes, fuient les persécutions. Le fond
est-il vraiment religieux. On en doute fort. C'est plutôt, sous les
couches religieuses de surface, l'odeur du pétrole qui pointe. Celle de
l'argent roi. Bref, le fossé s'agrandit en de multiples craquelures
entre le pèlerin et le migrant. Même si l'on peut considérer la
migration comme une sorte de pèlerinage contraint vers des inconnus
contrastés. Le pèlerin comme le migrant ne seraient-ils pas tous deux à
la recherche de la lumière? L'expression bien connue "le soleil brille
pour tous" est là pour nous le rappeler. L'un comme l'autre n'ont t' ils
pas le besoin d'être accueillis? C'est une question dont la réponse est
assez simple, la réponse est oui. Comme le labyrinthe de Chartres nous
invite à la réflexion intérieure la situation du migrant comme le
cheminement du pèlerin nous percutent. Il y a mouvement. Il y a issues
et impasses. Issues pour le migrant qui va trouver un lieu de paix sur
un territoire, issues pour le pèlerin qui va trouver un lieu de paix
intérieure en son âme et conscience. Impasses pour le migrant qui coule
en mer, pour le pèlerin qui tourne en rond et s'enfer-me sur lui même
dans une fuite nombriliste. J'en viendrais pour conclure à cette célèbre
petite histoire pêchée je ne sais plus ou (je ne trouve pas l'accent)
ni quand de la grenouille tombée dans le bocal de lait et qui jusqu'à
l'épuisement s'agite, touchée par le désespoir elle s'aperçoit soudain
que sa volonté exprimée concrètement a permit la transformation du lait
en beurre...et ce dernier, par sa dureté, lui offre la possibilité de
s'en sortir. Pour le migrant comme le pèlerin l'heureuse issue passe par
une concentration sur l'essentiel nécessitant une grande énergie,
l'épilogue heureux ou non faisant appel à la grâce et non pas à un
déterminisme stérile. Au dessus du labyrinthe, de Chartres ou
d'ailleurs, c'est Dieu qui a le pendule, la boussole, le coeur parlant
au coeur surtout.
Philippe Sanguinetti, Valbonne, le 6 octobre 2015
philippesanguinetti@hotmail.com
Philippe Sanguinetti, Valbonne, le 6 octobre 2015
philippesanguinetti@hotmail.com
Les récits de pélerinages
Je suis tombé sur "Marcher" de Tomas Espedal, un ancien boxeur norvégien
publié chez Actes Sud. L'écriture est fluide, le rythme rapide, les
petits chapitres poussent à la lecture. C'est l'histoire d'un homme qui
un jour "poursuit son chemin"...Je n'en dit pas plus. C'est plein
d'humour et en congruence totale avec le sous-titre Marcher "ou l'art de
mener une vie déréglée et poétique". L'auteur m'a d'emblée attiré car
il change des grands intellectuels, écrivains, académiciens qui marchent
beaucoup en ce moment et qui viennent nous abreuver avec leurs
ouvrages. Pour Compostelle il y a une tendance, une mode que l'on
retrouve dans beaucoup de récits de francophones...Le problème c'est
qu'avec des qualités différentes d'écriture on retrouve tout de même un
peu la même chose. L'ouvrage de Tomas Espedal tout en ne partant que de
la marche s'ouvre sur plusieurs horizons avec une large place accordée
au spirituel. Enfin appréciation notable l'ouvrage ne coûte que 7,80e ce
qui tranche par rapports à des tarifs excessifs qui montrent que
l'auteur, s'affichant pourtant bien " jacquet ", est bien resté les
pieds sur terre et prés de ses sous... Car le pèlerinage, s'il est bien
une période de désert, exige de s'alléger. Dans une période ou l'on
voudrait nous faire croire que les conflits sont uniquement religieux il
suffit de gratter un peu la surface pour ne constater qu'une seule
chose, c'est toujours des questions d'argent, pour du gaz ou surtout, le
plus souvent, du pétrole...Le pèlerinage par une réappropriation de
l'espace à sa dimension humaine et une hiérarchisation par rapport aux
besoins essentiels recadre sur les choses simples, vitales, le lien à la
nature, la condition d'homme. L'argent roi n'est plus là. On passe dans
le hors-cadre sociétal pour se retrouver soi. Rupture salutaire. Merci
donc à Tomas Espedal de nous faire marcher dans ses pas, sans nous faire
marcher.
Pèlerin au XXIème siècle?
Il
semble que cette pratique revienne à la mode. Compostelle tenant la
palme pour les pèlerinages en Europe. De nombreuses publications de
personnalités plus ou moins célèbres, des affluences records, des élus
qui se battent pour dire qu'une route passe par leur commune!...La route
Saint-Martin mais plus encore les pèlerinages franciscains, plus
enracinés dans l'histoire, devraient émerger. Faut-il faire
obligatoirement un pèlerinage aussi grand pour ressentir son échelle en
foulant pas à pas les sentiers? Tomber dans l'ivresse des paysages? Se
confronter dans l'essentiel à plus grand que soi? Exercer sa résilience
face à la fatigue, aux contraintes familiales et professionnelles, à la
maladie? Chaque pas du chemin, d'un chemin, permet de plonger dans les
mêmes sensations que celles éprouvées par nos lointains ancêtres. Rien
ne change sauf nos perceptions. Quelques gadgets de plus sans doute,
comme le mobil. Bref, le pèlerin ne vieillit pas à travers les siècles.
L'homme reste toujours petit dans les immensités de l'espace et du
temps. Fragile aussi. C'est dans ce rapport au monde remettant le corps à
sa place que se fait aussi un pèlerinage intérieur, mental. La
libération des toxines allègent le cerveau. Ceux qui sont en relation
avec le Christ disposent d'un supplément d'âme. D'une part d'étoiles
plus attentives. Comment cela? Car, pour reprendre l'exemple de
Compostelle, contrairement à ce que l'on peut entendre, celui-ci n'a pas
été récupéré par les catholiques...mais initié par les catholiques. Ne
serait-il pas absurde d'édifier une Route Saint-Martin en oubliant sa
dimension chrétienne? En se coupant des racines catholiques inhérentes à
cette histoire? Eglise toujours fidèle par la gratification d'un
successeur de Saint-Martin en la personne de son Archevêque de Tours?
Quand je marche, quand "j'avance comme un âne" comme dirait le Cardinal
Etchegaray, je suis cette petite chose faible qui avance et se bat, qui
partage cette expérience intime, solitaire avec d'autres. Ce n'est pas
le "seuls ensemble" d'internet mais la communication communion, directe,
dans l'agir et le ressentir. A ras de terre, "très bas" comme
l'écrirait Christian Bobin. Les sens en éveil. En communion avec les
pèlerins passés, présents ici et maintenant, et les futurs. Elle est
belle cette succession, cette tradition. Il est puissant ce retour aux
sources. Les images de pèlerinages sont fortes, il s'agit non pas d'un
accomplissement sportif mais d'un passage, d'un témoignage, d'un
cheminement tortueux en sa chair mais clair. Dans une traversée
différente d'un pays ou de pays, un peuple trouve et retrouve du sens.
Il s'agit d'une tradition s'adaptant à la modernité, en continu, depuis
des siècles. Ainsi le lien social, entre personnes, au-delà des
caricatures et des couleurs politiques se plonge dans une vie réelle qui
se maintient dans un pas à pas peu glorieux, boueux, dur mais dans un
dialogue vrai de coeur à coeur. Ainsi du pélerinage, la congruence entre
notre condition terrestre horizontale et besogneuse et l'au-delà
vertical passe par de petites ampoules, pas si lumineuses. La voie
étroite. L'herbe fraîche. Comme depuis des siècles la paix du coeur par
celle du corps retrouvé.
Philippe Sanguinetti, 17 janvier 2015, Valbonne Sophia-Antipolis
Une anthropologie du Pèlerinage?
Une anthropologie du Pèlerinage?
Ce
blog abordera selon une approche systémique l'anthropologie du
pèlerinage par la présentation de différents articles. Les pèlerinages
chrétiens (Compostelle) et spécialement franciscains
(Routes d'Assise) seront privilégiés mais la diversité sera de rigueur
(Chartres). Tous les aspects seront abordés: religieux, spirituels, de
santé, techniques, politiques, juridiques...
Les
pèlerinages liés au territoire de la République Française, catholiques,
seront, étant donné le contexte de ma position géographique sur la côte
d'Azur et de mes connaissances, les plus abordés. Localement, sur le
diocèse de Nice seront étudiés ceux de Laghet, de Notre Dame des
Fenestre, la Route Royale Nice Turin (anciennement Route du Sel) qui est
ponctuée de nombreux sites franciscains (Place Saint-François dans le
Vieux-Nice, Monastère de Cimiez, Monastère de Saorge...).
Un sujet sur le pèlerinage touche à bien des points, à commencer déjà par les lieux historiques de passages et d'accueils: des chapelles, des ermitages, des abbayes, des sanctuaires, des villages, des châteaux, des comptoirs...et donc à des situations de vies. Je me focaliserais sur le pèlerinage du marcheur, en extérieur et croyant. A la résilience.
L'objectif de ce blog est de faire partager par une vulgarisation scientifique et technique mes recherches universitaires au plus grand nombre et par ce fait de les enrichir par des coopérations. Ayant travaillé depuis 20 ans sur les franciscains et spécialement ceux de ma ville natale de Nice, de nombreuses informations toucheront à cette vénérable famille tout au long de ce site.Ce site est personnel et donc je m'accorde une subjectivité et une liberté de ton tout en essayant de rester si possible proche de l'objectivité d'une recherche "publique".
Un sujet sur le pèlerinage touche à bien des points, à commencer déjà par les lieux historiques de passages et d'accueils: des chapelles, des ermitages, des abbayes, des sanctuaires, des villages, des châteaux, des comptoirs...et donc à des situations de vies. Je me focaliserais sur le pèlerinage du marcheur, en extérieur et croyant. A la résilience.
L'objectif de ce blog est de faire partager par une vulgarisation scientifique et technique mes recherches universitaires au plus grand nombre et par ce fait de les enrichir par des coopérations. Ayant travaillé depuis 20 ans sur les franciscains et spécialement ceux de ma ville natale de Nice, de nombreuses informations toucheront à cette vénérable famille tout au long de ce site.Ce site est personnel et donc je m'accorde une subjectivité et une liberté de ton tout en essayant de rester si possible proche de l'objectivité d'une recherche "publique".
Je vous souhaite d'avance une bonne lecture!
Philippe Sanguinetti
15.01.2015
15.01.2015
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